Le guān xì 关系 ou l'importance des relations en Chine

Publié le par Bee Charmer

Ce matin, mon portable sonne, je vois apparaître un numéro que je ne connais pas, je suppose que c'est un appel d'un organisme publicitaire quelconque, et je m'attends donc à recevoir un appel pré-enregistré. Je décroche, "Oui, bonjour ?", mon interlocuteur "wèi (Allo)", moi "喂". Et là, la personne au téléphone commence à me sortir une phrase de 3 kilomètres de long en chinois, où je comprends un mot sur 10.

A une époque lorsque je recevais ce genre de coup de fil, j'étais figée sur place et je commençais à suer à grosses gouttes pour essayer de comprendre ce que mon interlocuteur me racontait. Aujourd'hui, j'ai tellement l'habitude que ce soit un faux numéro que je ne fais même plus d'effort pour comprendre ce qu'on me raconte. Je m'apprête donc à lui dire qu'elle a fait erreur, mais j'ai le sentiment que ce n'est pas vraiment le cas. Je lui dit donc "我听不懂 wŏ tīng bù dŏng (Je ne comprends pas)", elle me répète sa phrase un peu plus clairement, et au bout de 30 secondes, je comprends enfin de qui il s'agit.

C'est mon amie tailleur du Marché de la Soie. Je me demande ce qu'elle me veut puisque je n'ai rien à lui faire faire pour l'instant. Elle me répond qu'elle a un ami (ou une amie ?) qui cherche du travail, et me demande si je recherche quelqu'un. Je lui réponds que je suis désolée mais que je suis la seule représentante de ma société et que 'nous' ne cherchons personne. Elle me demande alors de demander autour de moi et de la rappeler si jamais j'ai quelque chose. Adoptant la technique chinoise du "ne jamais dire ni oui, ni non", je lui réponds que c'est possible. Elle est très contente et me dit au revoir.

A aucun moment de la conversation, n'ont été abordés le profil de la personne qui cherche un emploi, quelles sont ses compétences, ce qu'elle désire comme type de poste, si elle parle d'autres langues que le chinois... Je suis donc sensée parler autour de moi d'une personne dont je ne connais rien afin d'éventuellement lui trouver du travail... Et ça, c'est ce qu'on appelle le guān xì (关系) en Chine, cette relation entre les personnes, cette toile que les chinois tissent entre eux afin d'avoir un maximum de contacts, et ce surtout auprès de personnes bien placées. C'est la mise en place d'une sorte de troc du service. Je te rends un service, tu me rends un service. L'argent peut aussi rentrer en ligne de mire. Je te donne de l'argent, tu fais rentrer mon fil dans une bonne école. Tu embauche ma fille dans ton entreprise sur un poste à responsabilité, et je saurais te rendre la pareille... C'est une sorte de piston généralisé, un échange de services à l'amiable et en fonction des possibilités et du statut de chacun.

Publié dans Au jour le jour

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